Quelles sont les procédures pour une évacuation sanitaire ou un rapatriement en France
en raison de l’épidémie Ebola ?
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclenché une alerte devant une épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola fin mars 2014. Depuis début août, cette alerte est une « urgence sanitaire internationale » avec, au 8 octobre, plus de 8 000 patients infectés identifiés dans 4 pays d’Afrique de l’ouest (Guinée Conakry, Liberia, Sierra Leone et Nigéria plus récemment) et un pays d’Afrique centrale (République démocratique du Congo).
Le virus Ebola
Le virus de la fièvre hémorragique Ebola est connu depuis 1976 ; il a été identifié lors d’une épidémie au Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo) à Yambuku. Cette épidémie avait alors touché plus de 300 personnes, avec plus de 70% de décès parmi les malades.
Il s’agit dans l’épidémie actuelle, de la souche virale Ebola-Zaïre, extrêmement pathogène, avec une létalité d’environ 70%.
Il n’existe pas aujourd’hui de traitement efficace validé chez l’homme contre ce virus, mais des stratégies utilisant des anticorps monoclonaux ont été utilisées pour traiter quelques patients (américains rapatriés au début du mois d’août), semble-t-il avec succès.
4 scénarios sont possibles :
1/ Les accompagnants, enfants et expatriés séjournant en zone épidémique mais sans facteur d’exposition : Le droit commun s’applique et il n’y a aucune restriction à un retour anticipé (Niveau 0). Un rapatriement sur vol commercial ces bénéficiaires, en France ou dans leur pays de résidence.
2/ Des expatriés en cas d’épidémie déclarée avec des cas soupçonnés d’exposition: L’évacuation sanitaire d’un patient asymptomatique présentant un facteur d’exposition en provenance d’un pays épidémique (classement en Niveau 2) est envisageable dans des conditions à évaluer au cas par cas en lien avec l’institut de Veille Sanitaire (InVS).
En fonction de cette évaluation, le patient pourra être considéré comme un patient sans facteur d’exposition : Le droit commun s’applique et ce patient sera rapatrié par vol régulier mais il devra être déclaré à la Direction Générale de la Santé (DGS) en application des directives énoncées dans la circulaire DGS du 09/05/2012 (classement en Niveau 1)
Si le risque est avéré, il est inclus dans le groupe niveau 3.
3/ Des expatriés en cas d’épidémie déclarée avec des cas avérés d’Ebola dans les équipes :
Le Niveau 3 correspond à des patients fébriles, sans autre symptomatologie en provenance de pays inclus dans la définition des cas.
Le rapatriement devra se faire dans des conditions spécifiques d’isolement : usage d’une enceinte de transport à pression négative et d’un avion sanitaire dédié.
L’accueil de ce patient devra se faire vers les Etablissements de Santé de Référence (ESR) identifiés, en accord avec l’InVS et la DGS.
A ce jour, seule la société MEDIC’AIR dispose d’une bulle de transport à pression négative utilisable dans le cadre de ces rapatriements, même si ces bulles n’ont jamais été utilisées (en date du mois de novembre 2014).
En revanche, les compagnies d’assistance internationales ne disposent pas de vecteur aérien adapté à la réalisation de ces rapatriements car il n’y a pas de disponibilité en configuration sanitaire d’avions permettant de se rendre sans escale vers l’Afrique de l’Ouest. Les principales compagnies d’assistance internationales ont signalé qu’ils ne réaliseraient pas de mission au départ des zonées épidémiques.
Seule la mise à disposition d’un Falcon de la flotte gouvernementale ou de la mise à disposition d’avions DASH du Ministère de l’Intérieur est envisagée…..
4/ les cas avérés et/ou soupçonnés d’Ebola parmi les expatriés (Niveau 4)
L’évacuation sanitaire d’un patient ressortissant français, cas confirmé ou cas possible de fièvre au virus Ebola, fébrile depuis plus de 48h présentant des signes de gravité (vomissements, diarrhées, hémorragies, etc…) en provenance de pays inclus, doit impérativement être évalué et classé par l’InVs en lien avec le Ministère des Affaires Etrangères et la DGS.
La décision d’évacuation sanitaire est une décision politique prise par le gouvernement français et impliquera les ministères concernés : Santé, Affaires étrangères, Défense et Intérieur.
L’évacuation sanitaire, si elle est validée, est assurée par une équipe médicale de l’EPRUS (Établissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires)et le service de santé des armées avec un caisson de transport en milieu protégé. Le vecteur aérien est également mis à disposition par l’armée de l’air avec l’appareil KC135 Morphée.
Le rapatriement se fera exclusivement vers l’hôpital d’Instruction des Armées BEGIN à Saint Mandé en région parisienne.
Cette procédure s’applique pour les Français et les ressortissants de l’UE.