L’État français, en collaboration avec ses partenaires européens et internationaux, élabore sa stratégie pour aider à la reconstruction de l’Ukraine. Le secteur privé joue un rôle crucial dans la concrétisation de cette stratégie.
Cependant, le conflit persiste et la sécurité et la santé des employés sur le terrain ou en déplacement restent une préoccupation majeure.
Dans cet article nous faisons un point sur la situation sécuritaire et médicale en Ukraine et partageons avec vous des conseils d’International SOS pour mieux soutenir vos employés dans un environnement risqué.
Les informations partagées dans cet article ont été recueillies et analysées antérieurement au 19 juillet 2023.
1- L’élan politique d’aide à la reconstruction en Ukraine.
La structuration de la stratégie d’aide à la reconstruction:
Les entreprises françaises se positionnent pour participer à cet effort (chantier estimé à plus de 400 milliards de dollars selon la banque mondiale). C’est un effort qui est très largement encouragé par l’élan politique français et européen.
Le 13 décembre dernier, 700 entreprises se réunissaient à Bercy à l’occasion de la conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine. Lors de cette conférence, un engagement fort a été pris, celui de répondre aux besoins critiques de l’Ukraine. Quelques mois plus tard, c’est à Londres que l’aide, à l’initiative des politiques a été renforcée ainsi que le rôle que peut et doit jouer le secteur privé dans cette reconstruction. Un réel élan est en marche.
Il faut se rappeler qu’avant le début du conflit, plus de 30 000 français étaient présents en Ukraine, ainsi que 160 entreprises, de la banque à la grande distribution en passant par les énergies renouvelables et l’économie numérique. la France était le premier employeur étranger en Ukraine.
Si aujourd’hui beaucoup d’expatriés ont quitté le pays, il n’en demeure pas moins que de nombreuses entreprises françaises continuent leurs opérations. Seuls des employés locaux sur le terrain répondent aux besoins opérationnels.
2- Points de situation sécurité et médical
Dans ce contexte, il est très important de bien saisir la situation sécuritaire et médicale en Ukraine et de comprendre les spécificités.
Situation sécuritaire:
Pour rappel, la quasi-totalité du territoire Ukrainien se voit évalué comme une zone de « risque extrême » depuis le début du conflit en Février 2022, à l’exception des 5 provinces les plus à l’ouest: Chernivtsi, Ivano-Frankivsk, Lviv, Ternopil et Zakarpattia. Ces 5 provinces sont en « risque élevé » en raison de leur position géographique plus éloignée du conflit.
En termes de recommandation, compte tenu de la volatilité de la situation, nous conseillons de reporter tout déplacement et d’évacuer le pays.
La contre-offensive ukrainienne:
Depuis la contre-offensive ukrainienne qui a démarré début juin 2023, les combats se sont rassemblés à l’est et au sud du pays. Les réserves en munitions de l’Ukraine sont très faibles et leur contre-offensive de juin est bien moins fructueuse que celle de l’automne 2022.
Poursuite de la campagne de frappes aériennes sur les villes ukrainiennes.
Une autre menace, les frappes aériennes, qui visent à la fois des installations stratégiques mais aussi civiles, justifient ce niveau de risque extrême pour la quasi-totalité du territoire. Si les systèmes de défense anti-missiles permettent de réduire considérablement la capacité de nuisance de ces frappes, celles-ci ne sont que très rarement neutralisées dans leur intégralité.
Complexité de l’environnement opérationnel.
Il faut garder en tête que ce qui est vrai aujourd’hui peut ne plus l’être demain. L’environnement opérationnel demeure complexe notamment parce que les frappes sont imprévisibles et impactent sur l’approvisionnement en eau, électricité, chauffage.
Conseils: bien remettre à jour vos analyses de risques systématiquement et de manière quotidienne avant d’envoyer du personnel sur le terrain.
Situation médicale:
Le système de santé ukrainien est un héritier du système de santé soviétique qui est assez rigide et qui est basé sur l’hyperspécialisation de leurs praticiens.
Depuis 2014, l’Ukraine a reçu une aide considérable des pays européens et des Etats-Unis, qui a permis à leur système d’avoir une mutation rapide de sa capacité de soin et de combattre la corruption qui était assez présente à tous les niveaux.
En mutation rapide avant le début du conflit, avec mise en place de “processus internationaux”.
D’un point de vue médical, on est arrivé à avoir un système de santé qui s’est d’une part modernisé dans la prise en charge de toutes les pathologies, et d’autre part avec une formation des médecins de plus en plus importante. L’Ukraine a montré une envie de se détacher du système de santé Russe avec l’importation de médicaments en provenance d’Inde notamment
Depuis le début du conflit le système a subi d’importants contrecoups. Le nombre important de blessés a rapidement saturé la prise en charge, et brutalement, le système de santé s’est retrouvé court en matière de ressources. Cependant, rapidement aussi, une aide internationale a pu se mettre en place de la part des Etats dans un premier temps puis des ONG qui sont rapidement intervenus sur place.
De façon paradoxale, le conflit a accéléré la mutation du système de santé ukrainien et a permis de le moderniser.
3 pays en 1 en matière de système de santé:
Actuellement, le pays est divisé en 3 parties en matière de santé. L’Ouest et le centre avec un fonctionnement “normal”. Après l’urgence du début, cette région a pu remettre des soins de types normaux (l’accès aux soins, aux urgences, aux spécialités est relativement facile). L’Est et le Sud qui sont proches de la ligne de front, avec des soins variables en nombre et en qualité. Et la région du Donbass où nous n’avons pas d’information fiable, nous supposons que le système de santé russe s’est réimplanté.
Évolutions possibles de la situation
La contre-offensive semble générer une augmentation du nombre de blessés, et par là-même occasion, une certaine pression sur la chaîne de prise en charge.
Les bombardements à l’aveugle peuvent toucher des structures de soins ce qui représente un risque important pour la prise en charge des blessés et le système de santé Ukrainien. Si la logistique ne semble plus être un problème, l’épuisement du personnel de santé demeure une préoccupation majeure.
3- Recommandations pour les voyageurs
Recommandations médicales:
– Partir vacciné
– En cas de problème, les services d’urgence sur place peuvent être utilisés, parfois la prise en charge en anglais peut être compliquée, surtout en dehors des villes.
– Système très spécialisé, les médecins n’ont pas de vision globale, il est parfois nécessaire de se faire rapatrier.
-Plus de problèmes sanitaires dus à la nourriture ou à l’eau ce qui était un problème majeur au début du conflit.
Recommandations sécuritaires:
La toute première chose à faire avant d’envoyer quelqu’un en Ukraine est de s’assurer que les voyageurs sont sensibilisés aux risques sécuritaires et qu’ils savent adopter les bons gestes de sûreté personnelle en conséquence. Par exemple, comment réagir face au retentissement des sirènes d’alerte et comment se mettre à l’abri.
Il convient aussi de planifier minutieusement les considérations logistiques autour de la mission (transport, hébergement, les moyens de communication). En termes de transports, l’espace aérien étant toujours fermé, seules les options routières et ferroviaires sont d’actualité. Il faut donc identifier un itinéraire viable jusqu’à un centre urbain, choisir le poste frontière, choisir un itinéraire premier, un itinéraire bis, prévoir des réserves de carburant suffisantes. Il est aussi possible d’identifier un système de tracking GPS.
La question de l’hébergement doit être traitée avec précausion : Eviter absolument des hébergements à proximité immédiate de cibles stratégiques qui peuvent faire l’objet de frappes aériennes (ex: infrastructures publiques). La présence d’abris dans les logements est indispensable à la mise en sécurité en cas de retentissement des sirènes. Il est aussi important de minimiser la zone de rayonnement du collaborateur en s’assurant que le logement est assez proche des zones de rassemblement/de réunions.
Définir et mettre en place un protocole de communication stricte : mettre en place des checking quotidiens à heure fixe.
La coordination de la mission avec les contacts locaux est primordiale, en effet, c’est via les contacts locaux que vous allez avoir les informations en temps réel.
Il faut aussi bien respecter les consignes officielles, notamment le couvre-feu, et se maintenir informé tout au long de sa mission. Le gouvernement ukrainien a créé une application “air alert” et qui est directement alimentée par des informations du gouvernement. C’est le premier moyen de se tenir au courant des frappes aériennes par localité en plus des sirènes qui retentissent. De plus, ce dernier a aussi mis en place un site internet avec des informations d’ordre logistique sur les différents checkpoints et les couvre-feux.
Compte tenu de l’actualité militaire, la situation sécuritaire et médicale en Ukraine est bien entendu toujours très risquée. Un peu moins à l’ouest du pays mais globalement chaque déplacement, indispensable, en Ukraine doit être extrêmement bien préparé.
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