Depuis 2011, la crise Libyenne a conduit à une guerre civile, l’intervention militaire étrangère, l’éviction et la mort de Muammar Kadhafi ainsi que des opérations humanitaires d’envergure.
La bataille pour le contrôle de la Libye intervient malheureusement à plusieurs échelles : tribales, régionales, politiques et même religieuses. Chaque coalition a créé des institutions gouvernementales et a nommé des chefs militaires—et en plus, chacune doit faire face à des fragmentations et des divisions internes.
Alors que la chute de Kadhafi annonçait un meilleur avenir pour les libyens, huit ans après, la mission de l’ONU a échoué et le pays est encore fracturé. Même l’ancien président américain Barack Obama a déclaré le 11 avril 2016 que ne pas se préparer à une Libye post-Kadhafi était probablement la « pire erreur » de sa présidence.
L’intervention des ONG internationales
Les affrontements en Libye ont entraîné l’émergence d’une grave crise humanitaire. Des milliers de personnes ont été forcées de fuir leurs foyers. Les pénuries de carburant et de fournitures médicales sont particulièrement aiguës dans certaines régions.
Des opérations humanitaires ont pris place avec des ONG internationales. Compte tenu de la situation sécuritaire en Libye, la plupart des ONG ont choisi d’installer leur centre administratif à l’extérieur du pays. Malte avait été envisagé par certaines ONG mais ce pays n’apporte pas tous les avantages de la Tunisie, notamment au niveau des transports. En effet, la proximité géographique qui facilite les transports routiers, la liaison aérienne entre Tunis et Tripoli et la bonne volonté de l’administration tunisienne sont des atouts décisifs.
De plus, la Tunisie est un pays arabophone et il n’y a pas besoin de visa pour les travailleurs entre la Tunisie et la Libye.
Enfin, même si Benghazi est plus proche de l’Égypte, aucune ONG n’a souhaité s’installer en Égypte, compte tenu du régime militaire (et répressif) en place.
Ainsi, la majorité des ONG internationales pilotent leurs opérations depuis Tunis (Acted, Première Urgence Internationale, International Rescue Committee,…). La mission sur le terrain est confiée, non plus aux expatriés et aux salariés nationaux, mais aux seuls salariés nationaux.
L’objectif de ces interventions est de permettre l’accès à des services de santé, à une alimentation et des moyens d’hygiène afin d’assurer la dignité des personnes et la réduction des maladies.
Des relations privilégiées entre Libyens et Tunisiens
Avant le soulèvement du 17 février 2011 contre Muammar Kadhafi, 83 633 tunisiens étaient expatriés en Libye. A l’inverse, selon le ministère de l’Intérieur tunisien, entre 1,5 et 2 millions de Libyens sont actuellement en Tunisie.
En effet, les relations ont toujours été étroites entre les deux pays voisins et se sont particulièrement renforcées dans les années 2000. Par ailleurs, le territoire tunisien se profile à bien des égards comme une extension de la Libye depuis 2011. Les arrivées des Libyens en Tunisie se sont intensifiées depuis l’été 2014, principalement pour fuir la guerre civile et bénéficier de la liberté d’expression en Tunisie.
Actuellement l’économie libyenne, hyper dépendante du pétrole, est coupée entre les deux camps (le maréchal Haftar/GNA) et s’enfonce dans une situation très inquiétante. La production pétrolière est en baisse en raison des combats, de l’insécurité, de l’instabilité politique et de l’appauvrissement des infrastructures.

Quel futur humanitaire pour la Libye ?
Jusqu’à aujourd’hui, aucun plan de reconstruction de la Libye n’a été clairement établi.
Selon les dernières statistiques du HCR, se trouvent en Libye 51.000 réfugiés et demandeurs d’asile, 165.000 Libyens déplacés dans leur pays, et 340.000 déplacés libyens revenus dans leur région d’origine en 2018, dans des conditions parfois très précaires. Et des centaines de milliers de migrants de toutes nationalités ont besoin d’aide et de protection.
Ces populations fragilisées ont notamment besoin de nourriture, de médicaments, de logements et d’aides sanitaires. Malgré ses riches ressources pétrolières, le pays a plus que jamais besoin de l’aide humanitaire. Les conditions d’intervention sont encore trop difficiles et l’« espace humanitaire » sécurisé n’est pas garanti. La gestion à distance des opérations humanitaires depuis la Tunisie reste pour l’instant très utilisée par les ONG internationales.
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