Depuis près de huit décennies, l’Inde et le Pakistan sont enfermés dans une rivalité persistante dont le Cachemire est à la fois le symbole et l’épicentre. Alors que les espoirs d’apaisement semblaient envisageables ces dernières années, le cycle infernal de la violence a été relancé brutalement en avril 2025, mêlant attentat sanglant, frappes militaires, guerre de l’eau et menaces nucléaires. Retour sur une crise aux enjeux profonds, toujours irrésolus.
Un héritage sanglant de la partition de 1947
Le conflit entre l’Inde et le Pakistan remonte à la partition de l’Empire britannique des Indes, en août 1947. Cet événement fondateur a donné naissance à deux nations indépendantes : l’Inde, à majorité hindoue, et le Pakistan, conçu comme un État pour les musulmans du sous-continent. Cette division a provoqué le plus grand déplacement de population de l’histoire moderne, accompagné de violences intercommunautaires qui ont fait plus d’un million de morts selon les estimations des historiens, notamment Yasmin Khan dans The Great Partition (Yale University Press, 2007).
Au centre de cette déchirure, la région du Cachemire, à majorité musulmane mais dirigée par un maharaja hindou, Hari Singh, a été intégrée à l’Inde dans des conditions controversées. Cette décision déclenche la première guerre indo-pakistanaise (1947-1948), suivie de trois autres conflits armés (1965, 1971, 1999) et de multiples crises.
Aujourd’hui encore, le Cachemire est divisé entre le Jammu-et-Cachemire (sous administration indienne) et l’Azad Jammu and Kashmir (contrôlé par le Pakistan), le tout encadré par une ligne de cessez-le-feu sous surveillance militaire permanente.

L’embrasement d’avril 2025 : attentat, représailles et riposte
Le 22 avril 2025, une attaque armée frappe la ville touristique de Pahalgam, dans le Cachemire indien. Le bilan est lourd : 26 morts, pour la plupart des touristes hindous. Le groupe Front de Résistance du Cachemire, considéré comme une émanation de Lashkar-e-Taiba, revendique l’attentat. L’Inde pointe aussitôt la responsabilité indirecte du Pakistan, accusé de laisser prospérer les groupes armés islamistes sur son territoire.
Moins de deux semaines plus tard, dans la nuit du 6 au 7 mai, l’Inde lance l’opération militaire « Sindoor ». Neuf sites situés au Pakistan et au Cachemire pakistanais sont visés par des frappes coordonnées. Parmi les cibles identifiées : Bahawalpur, Muridke, Kotli ou encore Muzaffarabad, localités connues pour héberger des infrastructures soupçonnées de liens avec des organisations terroristes. Selon New Delhi, les frappes étaient « précises » et « mesurées », visant uniquement des camps d’entraînement.
La réponse pakistanaise ne tarde pas. Le 10 mai, Islamabad déclenche l’opération « Bunyan-ul-Marsoos », avec une série de frappes ciblant des installations militaires indiennes, notamment dans les régions du Ladakh et du Jammu. Les deux pays déplorent rapidement des pertes humaines et civiles, et plusieurs milliers d’habitants fuient les zones frontalières.
L’eau, nouveau champ de bataille stratégique
Au cœur de cette crise, un élément a ravivé les inquiétudes internationales : l’Inde annonce, à la suite de l’attentat, la suspension de sa participation au traité des eaux de l’Indus. Signé en 1960 sous l’égide de la Banque mondiale, cet accord historique répartit l’accès aux eaux du fleuve Indus et de ses affluents entre les deux pays. Il permet au Pakistan d’irriguer près de 80 % de son agriculture, soit l’un de ses piliers économiques majeurs.
La déclaration du ministre indien de la Gestion de l’eau, promettant de faire en sorte que « pas une seule goutte ne parvienne au Pakistan », est interprétée à Islamabad comme un « acte de guerre ». Même si cette menace reste pour l’instant théorique l’Inde n’ayant ni les infrastructures ni les moyens techniques pour détourner l’eau immédiatement, le symbole est fort : pour la première fois, New Delhi brandit officiellement l’arme hydrique comme outil de pression géopolitique.
Le cessez-le-feu du 10 mai : un répit fragile orchestré par Washington
Face à l’intensité des hostilités, les États-Unis ont entrepris une médiation diplomatique discrète. Le président Donald Trump a annoncé le 10 mai un cessez-le-feu immédiat, fruit d’intenses discussions menées par le secrétaire d’État Marco Rubio et le vice-président J.D. Vance. L’Inde, de son côté, a contesté toute idée d’intervention américaine, affirmant que l’accord avait été conclu bilatéralement, sans tiers médiateur.
Malgré cette trêve, des violations ont été signalées dans les jours suivants. Des explosions ont notamment été entendues à Srinagar et Jammu. Les deux pays s’accusent mutuellement de ne pas respecter l’accord.
Dans une tentative d’apaisement, les deux gouvernements ont néanmoins accepté de retirer d’ici fin mai les renforts militaires déployés le long de la ligne de cessez-le-feu.
Une région à haut risque géopolitique
Le Cachemire reste l’un des points chauds les plus dangereux du monde. Ce territoire ne cristallise pas seulement un conflit bilatéral : il est aussi le théâtre d’une compétition d’influence entre grandes puissances. La Chine, proche alliée du Pakistan, a appelé à « une résolution pacifique », tandis que les États-Unis souhaitent maintenir leur rôle d’arbitre régional sans s’impliquer directement.
Le spectre d’un affrontement entre deux puissances nucléaires demeure bien réel. À chaque crise, le risque de dérapage accidentel, d’escalade incontrôlée ou de conflit asymétrique augmente, menaçant la stabilité de tout le sous-continent asiatique.
Vers quel avenir ?
L’histoire récente l’a prouvé : ni les armes ni les discours nationalistes n’ont apporté de solution durable. Le conflit indo-pakistanais autour du Cachemire nécessite une nouvelle approche, fondée sur le dialogue, la reconnaissance des droits des populations locales, la gestion partagée des ressources naturelles, et un engagement sincère à prévenir le terrorisme.
Le cessez-le-feu de mai 2025 peut-il être le point de départ d’un processus de désescalade durable ? Rien n’est moins sûr. Mais dans une région où chaque étincelle peut embraser la plaine, toute pause, aussi brève soit-elle, mérite d’être exploitée pour reconstruire ce que la guerre détruit.
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