La Santé mentale des Humanitaires

Juil 8, 2023

Comment soutenir la Santé mentale des humanitaires avant, pendant et après la mission ?

Lors de notre petit-déjeuner annuel le 15 juin à Paris pour les ONG, en partenariat avec International SOS, nous avons pu échanger sur la santé mentale des collaborateurs en contexte humanitaire, comment prévenir les risques psychosociaux et comment agir face à ces derniers.

Il n’existe pas de solution miracle universelle pour lutter contre les risques psychosociaux, d’une ONG à l’autre, d’une situation de travail à l’autre, les facteurs de risques psychosociaux sont différents et par conséquent les besoins et actions à mener sont aussi différents. Dans cet article nous proposons des solutions envisageables pour différents scénarios.

La situation particulière des humanitaires: La santé mentale des humanitaires est d’une importance capitale, car ces professionnels sont souvent exposés à des conditions stressantes et traumatisantes.

En effet, ils sont souvent témoins de situations telles que des conflits armés, des catastrophes naturelles, des déplacements forcés, la violence ou la détresse humaine. De plus, c’est un contexte souvent exigeant et stressant (confrontation à des défis logistiques, des ressources limitées, des conditions de vie difficiles..). Cela peut entraîner un épuisement professionnel, une fatigue chronique et des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression.

Les missions humanitaires impliquent aussi généralement des séjours prolongés dans des régions éloignées et étrangères avec une adaptation à une nouvelle culture, éloignant les collaborateurs de leur famille, de leurs amis et de leurs réseaux de soutien habituels.

Ce sont tous ces défis qui font que la prise en charge de la santé mentale, bien que nécessaire pour tous, est d’une importance capitale pour les humanitaires.

Comment les ONG peuvent-elles protéger la santé mentale de leurs collaborateurs en mission?

Le processus de soutien des équipes humanitaires face aux risques psychosociaux se déroule en trois étapes : l’avant mission, pendant la mission et l’après mission.

L’avant mission

La période précédant la mission est une période cruciale. En effet, elle comprend le processus de recrutement des collaborateurs avec la recherche de facteurs de vulnérabilité. Ces facteurs prennent en compte les facteurs structurels (L’existence et la qualité du système de santé et soins en santé mentale dans le pays d’origine) mais aussi les facteurs individuels (la présence d’antécédents personnels et/ou familiaux en santé mentale, notamment de conduites addictives).

Cependant, même avec ce processus de recrutement, la possibilité d’exposition à un fort stress dans le cadre d’une mission difficile rend variables les réactions une fois sur le terrain.

Afin d’assister au mieux, nous recommandons la mise en place de bilans de santé qui incluent l’évaluation psychologique par un professionnel, la sensibilisation, la formation et prévention en santé mentale, l’apprentissage de techniques d’autodiagnostic et d’auto-protection.

En plus du processus de recrutement, cette période comprend aussi la préparation de la mission. Cette préparation se déroule en trois étapes, la première, l’analyse des risques avec une évaluation du niveau de risque du pays ou va se dérouler la mission, l’évaluation du système de santé local, notamment des ressources disponibles en santé mentale, et l’évaluation des risques encourus, inhérents à la mission (la nature de la mission).

La deuxième étape est la planification, la mise en place d’un protocole et d’un plan de gestion des risques/de crise (anticipation des difficultés que l’employé pourrait rencontrer au cours de la mission). La dernière étape est celle de la prévention, l’obligation de faire un bilan de santé et de voir la médecine du travail.

Pour répondre à ces trois étapes, International SOS dispose d’une connaissance approfondie des ressources en santé dans les pays via leur département “Network Services”, l’identification des centres de soins les plus proches et appropriés en cas de besoin et l’évaluation et analyse des risques et de la santé.

De plus, dans le cadre de l’étape de prévention, les ONG peuvent mettre en place des formations spécifiques et de la sensibilisation. En effet, une formation préalable permettrait d’informer les collaborateurs partant en mission, mais aussi les équipes locales, aux défis potentiels liés à la santé mentale et les préparer à y faire face. Cela peut inclure des séances d’information sur le stress, la résilience et la gestion des traumatismes. Également des bilans de santé qui incluent l’évaluation psychologique par un professionnel, sensibilisation, formation et prévention adaptée, apprentissage de techniques d’auto-diagnostic et d’auto-protection.

Pendant la mission

Pendant la mission, il est important d’anticiper la détresse psychologique des collaborateurs. Elle peut se déclencher de différentes manières.

Une situation précoce de détresse psychologique peut se manifester par une exposition à des situations traumatisantes, une absence d’extériorisation, des premiers signes de retrait etc..

L’identification de signes avant-coureurs (ex: troubles de la concentration, troubles du sommeil, irritabilité) est essentielle pour apporter un soutien moral immédiat, désamorcer une situation psychologique difficile qui pourrait déboucher sur une crise plus grave et compromettre la fin de la mission.

Important, le rôle-clé du chef de mission/directeur pays : cette personne a un rôle d’écoute et de vigilance vis-à-vis de la santé mentale des équipes, elle est un relais important en l’absence des familles des collaborateurs en mission.

Pour faire face à ces défis, il est important d’avoir accès à des psychologues qualifiés. Avec nos partenaires, nous proposons : un soutien psychologique à travers tous leurs centres d’assistance, des moyens de communication efficaces (soutien par téléphone, téléconférence vidéo ou en face-à-face et un plan thérapeutique avec des séances par incident et par année qui sont pris en charge).

Un exemple de situation complexe à gérer, la minimisation par le collaborateur de sa propre santé mentale, est une situation où le collaborateur souffre et en a conscience mais n’ose pas en parler par crainte des répercussions sur sa mission. Dans ce type de situation, il est important que l’équipe s’en rende compte et puisse agir.

C’est pourquoi il est important que tous les collaborateurs soient formés et sensibilisés sur les risques psychosociaux avant de partir en mission.

Cependant, il peut arriver de rencontrer des difficultés pour une prise en charge. Certaines situations telles que l’aggravation de la situation clinique, une situation de souffrance psychologique majeure (état délirant, mélancolie, effondrement psychologique, risque suicidaire…), ou encore une opposition à la prise en charge, sont bien plus complexes à gérer que la médecine clinique/physique, dans ces situations, en l’absence de famille.

Dans ce cas, l’ONG doit jouer un rôle de substitution et prendre des décisions pour la prise en charge immédiate des collaborateurs en situation de souffrance psychologique.

Dans les cas extrêmes, nous pouvons vous assister pour mettre en place des conditions favorables à une évacuation vers le pays d’origine ou, alternativement, le pays le plus approprié. Cependant, les expériences passées ont montré que le pays d’origine de l’assuré reste le meilleur pays de prise en charge des troubles psychologiques du fait de l’appartenance à la culture du pays. Il n’est en général pas souhaitable d’évacuer le collaborateur vers un pays d’accueil afin d’éviter toute aggravation de l’état mental.

Après la mission

Pour finir, avant la fin de la mission, il faut anticiper le retour de chaque collaborateur parti.

En effet, la santé mentale peut se détériorer une fois le collaborateur de retour à la “vie normale” avec un décalage entre la vie en mission et la vie civile. Nous recommandons de s’appuyer sur un réseau de soutien.

En l’absence de structures de prise en charge dans le pays d’origine et afin d’éviter des décompensations, il est nécessaire de se ressourcer, et d’être attentif aux signes d’alerte.

À la fin d’une mission, les ONG peuvent organiser des séances de débriefing pour permettre aux collaborateurs de partager leurs expériences, de traiter les éventuels traumatismes et de se préparer à la transition vers la vie quotidienne. Un suivi régulier après la mission peut également être mis en place pour offrir un soutien continu.

Le devoir de protection de l’ONG ne s’arrête pas juste après la fin de la mission. Les difficultés psychologiques peuvent survenir une fois la mission terminée.

Pour vous assister au mieux, nous proposons une prise en charge et un accompagnement par des psychologues cliniciens, des formations sur la résilience et des formations sur la gestion des traumatismes psychologiques.

Il est important de noter que la protection de la santé mentale des humanitaires en mission est un devoir (duty of care) en plus d’être un processus continu qui nécessite un engagement constant de la part des ONG. En mettant en œuvre ces mesures, les organisations peuvent contribuer à préserver la santé mentale de leurs collaborateurs et à garantir leur bien-être sur le terrain.


Compte rendu Vidéo de notre atelier « Risques psycho-sociaux pour les humanitaires » lors de notre petit-déjeuner pour les ONG le 15 juin 2023 à Paris.

A lire aussi : L’assurance Santé pour les Humanitaires

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